CONFERENCE VENDREDI 22 OCTOBRE 2021

Le professeur Jean Christophe CORVOL, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et chercheur à l’ICM nous a raconté la genèse de la maladie de Parkinson (MP) et les découvertes qui ont contribué à la prise en charge actuelle et qui vont permettre la recherche pour le futur.

Un très rapide rappel sur les anomalies cérébrales dans la MP, la perte du nombre de neurones utilisant la dopamine pour communiquer entre eux, dans une zone précise du centre du cerveau, le locus niger et la mise en cause d’une protéine, l’alphasynucleine, qui s’accumule anormalement dans le neurone et l’étouffe.

Deux types de facteurs de prédisposition à développer la maladie de Parkinson sont actuellement connus :

 les facteurs génétiques, qui seraient un terrain prédisposant ;

 les facteurs environnementaux, liés à l’environnement, c’est-à-dire les substances toxiques pour les neurones

Quelles Dates :

-1804 : James Parkinson décrit les signes de la maladie.

– 1890 : Le Docteur Charcot, médecin à la Pitié comme le docteur CORVOL, lui donne le nom de Parkinson

– 1910 : Découverte de la présence d’une quantité importante de dopamine dans les fèves d’une plante nommée mucuna  pruriens.

– 1952 : il faudra attendre 50 ans pour que  la dopamine soit synthétisée en laboratoire.

– 1964 : naissance de la L DOPA, mieux tolérée et mieux absorbée.

– 1967 : en augmentant les doses, on constate une amélioration des symptômes mais également des effets indésirables.

– 1970 et années suivantes : arrivée des agonistes dopaminergiques, la recherche va plus vite

Le mode d’action des diverses catégories de médicaments actifs dans la MP sont complexes et demandent des explications.

La L DOPA :

La lévodopa est le traitement le plus efficace de la maladie de Parkinson, elle renforce les taux de dopamine cérébrale. Lorsqu’on administre de la L-DOPA à un malade, seule une petite quantité de la dose ingérée arrive dans le système nerveux central. Ceci nécessite des adaptations : adjonction de molécules permettant une dégradation moins rapide dans le sang, dans les formes de prise du médicament (gélules, comprimés, dispersibles, libération prolongée…) et aménagement dans la prescription même au malade (horaires, nombre de prises par jour …).

Cependant avec le temps, la lévodopa a un inconvénient : sa durée d’action diminue, ce qui explique les fluctuations motrices qui apparaissent après plusieurs années de traitement.

Les agonistes dopaminergiques :

Ils exercent un effet symptomatique en améliorant les symptômes moteurs (akinésie, tremblements, rigidité) mais ne sont pas en reste en effets secondaires : hallucinations, troubles du comportement et surtout addictions au jeu, achats compulsifs, hypersexualité chez 15 à 20 % des patients.

 Depuis 50 ans des améliorations ont été réalisées mais des problèmes perdurent. Une nouvelle idée à germé : changer de route et passer au non oral

  • Intra veineux : L DOPA (a été essayé mais sans succès pour l’instant)
  • Transdermique : rotigotine (neupro) patch apomorphine
  •  Sous cutanée : apomorphine (apokinon) L DOPA, rotigotine : pompe sous cutanée et stylo apomorphine (dopaceptin) amélioration des troubles dans 60% des cas
  •  Jéjunum  L dopa (duodopa)
  • Sublingual , poumon, intra musculaire, voire intra rectal

On peut également évoquer une nouveauté l’amantadine à libération prolongée (mantadix) médicament efficace sur les dyskinésies mais non disponible encore en France.

La Stimulation Cérébrale Profonde (SCP)-1987

Découverte en 1987, au CHU de Grenoble pour traiter des tremblements sévères, la SCP ou neurostimulation est une technique chirurgicale qui consiste à implanter dans le cerveau deux électrodes (deux fils très fins) qui vont stimuler des zones très réduites du cerveau, les noyaux subthalamiques. Seulement  5 à 10% des personnes atteintes de la maladie de Parkinson bénéficient aujourd’hui de la SCP, soit environ 400 nouveaux patients par an en France.

Chirurgie par ultrasons focalisés – 2020

Cette technique consiste à faire converger vers une cible intracrânienne repérée en IRM, par de multiples faisceaux d’ultrasons en surface, de façon à créer une lésion thermique. La technique s’est révélée très efficace dans le tremblement essentiel. Des études sont en cours pour la MP.

2021 La grande question : ralentir la progression de la maladie

La MP est une maladie complexe, aux multiples causes et mécanismes

Des symptômes non moteurs s’ajoutent, tout aussi présents, les traitements ne sont pas exempts de complications.

Les trajectoires sont différentes selon les individus, la réponse est donc individuelle.

Les symptômes non moteurs sont très variés et ont des manifestations multiples. Voici les plus fréquents :

 Les signes physiques :

  • Chute de la tension artérielle
  • Troubles urinaires
  • Troubles sexuels
  • Sommeil/fatigue
  • Perte de l’odorat, diminution du goût, douleurs

 Les signes psychologiques

  • Hallucinations
  • Dépression, anxiété, comportements addictifs

 Les signes cognitifs et intellectuels

            Problèmes pour s’organiser

            Troubles de concentration

            Troubles de mémoire

Ci-dessous, les lieux dans la cellule et le cerveau où se concentre la recherche

Les trajectoires sont différentes selon les individus, la réponse est donc individuelle

Depuis 20 ans des progrès ont été réalisés :

            -en génétique

            – sur l’aspect moléculaire

            – recherche sur l’alpha synucléine

Des essais thérapeutiques sont en cours ou à venir :

            Anticorps anti-synucléine (Parkinson)

            Oligonucléotides antisens (MSA)

            Thérapie génique (Parkinson, à venir)

            Sur l’aspect cellulaires : remplacement des cellules dopaminergiques

            Essais sur les cellules souches en cours au Japon

Exercice physique intensif :

            Un essai réalisé chez 65 patients qui ont pratiqué un exercice physique intensif à montré une diminution significative de la progression de la maladie. Comme quoi, tout n’est pas dans les médicaments.

Depuis plusieurs années des avancées ont été faites mais il reste encore beaucoup de progrès à concrétiser.

Après cet exposé, de nombreuses questions furent posées auxquelles le Docteur CORVOL répondit en groupe et individuellement en suite dans le temps convivial qui à clôturé cette conférence

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Quelques photos souvenirs de ces journées….

MERCI A TOUS !

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